REPowerEU : Le plan qui a permis à l’Union Européenne de sortir du piège russe

5 mai 2023

Largement dépendante des hydrocarbures russes avant l'invasion de l'Ukraine, l'Europe a aujourd’hui réduit drastiquement ses importations de Russie. Un revirement majeur si l'on songe que l'UE était le premier acheteur de gaz russe avec, en 2021, près de 45% de ses importations de gaz naturel qui provenaient de Russie, et que Moscou était le premier fournisseur en pétrole de l'UE. L’interruption de l'approvisionnement en gaz à destination de certains Etats membres (Bulgarie, Pologne et Finlande) a d’autant plus confirmé la nécessité de se passer du gaz russe. Mais alors, comment l’UE a-t-elle opéré un tel tournant ?

Le 8 mars 2022, deux semaines seulement après le déclenchement du conflit en Ukraine du 24 février, la Commission européenne fixait un nouveau cap stratégique majeur pour l'UE en matière d'énergie : « Nous devons assurer notre indépendance vis-à-vis du pétrole, du charbon et du gaz russes » a annoncé Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne. Le Groupe Renew Europe a très bien accueilli cette annonce. Notre eurodéputé Christophe Grudler, Rapporteur Renew Europe de la révision de la directive sur les énergies renouvelables (RED) a salué "la proposition REPowerEU de la Commission européenne pour garantir notre indépendance énergétique face à la Russie." La feuille de route pour ce faire était REPowerEU, un plan de 300 milliards d'euros reposant sur quatre piliers : les économies d'énergie, la substitution du gaz russe par d'autres combustibles fossiles, la promotion des énergies vertes et le financement de nouvelles infrastructures comme les gazoducs et les terminaux de gaz naturel liquéfié. Le plan REPowerEU visait à réduire la dépendance au gaz russe de 2/3 d'ici la fin de l'année et à y mettre fin d'ici 2027. L’objectif fut atteint pour 2022.

Parmi les principaux objectifs du paquet législatif :

  • Augmenter l'objectif global pour 2030 en matière d'énergies renouvelables de 40 % à 45 % dans le cadre du paquet "Fit for 55" du Green Deal.
  • Fixer un objectif de 10 millions de tonnes de production nationale d'hydrogène renouvelable et de 10 millions de tonnes d'importations d'ici 2030, afin de remplacer le gaz naturel, le charbon et le pétrole dans les industries et les secteurs de transport difficiles à décarboniser.
  • Induire des changements de comportement à court terme pour réduire la demande de gaz et de pétrole de 5% et encourager les États membres à lancer des campagnes de communication spécifiques ciblant les ménages et l'industrie.
  • Doubler la capacité solaire photovoltaïque d'ici 2025.
  • Mise en place d'un "mécanisme d'achat commun", reproduisant le programme commun d'achat de vaccins, pour passer des contrats d'achat de gaz au nom des États membres.

En parallèle, l’UE a imposé un embargo sur les produits pétroliers raffinés russes (en place depuis le 5 février 2023), en plus d’un premier embargo sur le pétrole brut (en vigueur depuis début décembre 2022). Ces embargos coûteraient 160 millions d’euros par jour à Moscou. Et puis, la mise en œuvre intégrale des propositions du « Fit for 55 » devrait réduire la consommation annuelle de combustibles fossiles dans l’UE de 30%, soit 116 milliards de mètres cubes, d'ici à 2030. Ces réductions, associées aux mesures prévues dans le plan REPowerEU, devraient diminuer d'au moins 155 milliards de mètres cubes notre utilisation de combustibles fossiles, soit le volume importé de Russie en 2021.

Néanmoins, si les mesures prises par l’Union Européenne nous ont permis de passer l’hiver 2022 en relative quiétude, le problème se reposera pour l’hiver prochain sur fond de spirale inflationniste. Les européens ne doivent donc pas réduire leurs efforts. Quoiqu’il en soit, le paquet REPowerEU est une réussite majeure pour l’UE, car il a permis d’assurer une plus grande sécurité d'approvisionnement énergétique tout en donnant un nouvel élan aux objectifs du Green Deal européen.