De l'Europe dans ma vie - lettre d'information #5

6 juin 2021

La Commission européenne a lancé cette semaine le processus permettant d’émettre de la dette commune sur les marchés financiers. Relancer l’économie sous toutes ses formes après la pandémie. Voilà, aujourd’hui, la priorité de l’Union européenne. Comment ? Par la force d’un outil sur-mesure, peaufiné en quelques mois pour être opérationnel au plus vite, ratifié par la totalité des parlements nationaux fin mai.

L’outil en question s’appelle NextGenerationEU. Doté de 750 milliards d’euros, ce plan de relance européen est un formidable levier, inédit dans l’histoire européenne. Victoire d’une Europe solidaire, c’est aussi une revanche sur la crise financière de 2008.

Presque 10 ans après le refus opposé par les pays du Nord aux pays du Sud, à leur proposition de créer des eurobonds - ces emprunts communs émis par les pays membres de la zone euro – l’ensemble des pays de l’Union européenne se sont accordés sur ce dispositif historique basé sur un endettement commun.

Là où l’échec des eurobonds avait engendré dans les pays du Sud, en plus de l’accélération de l’aggravation de leur santé financière, de la défiance et du ressentiment, et parfois même un sentiment d’humiliation dans leurs populations, le plan de relance européen renforce le sentiment d’appartenance à l’UE et la solidarité entre les peuples.


Une victoire du couple franco-allemand et de la délégation Renaissance

En ce printemps 2020, alors que la crise du Covid touche durement l’Europe et le monde, que les pays se confinent les uns après les autres, et que l’activité économique est touchée de plein fouet par ce « virus ouragan », la Délégation des eurodéputés Renaissance, suivie par son groupe politique Renew Europe, écrit dès mars 2020 à la Commission européenne pour demander l’élaboration d‘un plan de relance européen. Du jamais vu à l’échelle du continent !

Eurodéputé après eurodéputé, délégation nationale après délégation nationale, groupe politique après groupe politique (pro-européens), les eurodéputés Renew rallient à leur cause le Parlement européen qui adopte en avril 2020 une résolution demandant au Conseil et à la Commission européenne, un plan de relance ambitieux, pour l’avenir des citoyens européens et de leurs territoires.

La mobilisation des eurodéputés Renew Europe et des principaux partis allemands au Parlement européen, et l’action décisive d’Emmanuel Macron, finissent par convaincre la chancelière Merkel. La position allemande fait l’effet d’une bombe dans les chancelleries européennes, qui voient alors s’écrouler devant elles le sacro-saint tabou de l’endettement commun. Macron-Merkel présentent alors à leurs homologues, une initiative pour un plan de relance européen. La force du couple franco-allemand, rejoint par d’autres capitales,au premier chef, Madrid, Rome et Lisbonne, unis pour permettre à l’Europe de faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire, réussissent, lors du Conseil européen du 22 juillet, à faire plier les frugaux (Autriche, Hollande, Danemark et Suède).


750 milliards d’euros pour une Europe plus verte et plus digitale

Ce plan exceptionnel a vocation à reconstruire l’Europe à partir d’un double noyau central que sont le numérique et l’environnement. Mais que contient-il exactement ?

Plus de la moitié des sommes engagées au titre de NextGenerationEU vise à préparer demain dès aujourd’hui : résilience sanitaire, recherche et innovation ou encore transition climatique.

L’enjeu principal de l’Europe de l’après-Covid se situe dans les investissements d’avenir.Ainsi, la Facilité pour la reprise et la résilience (672,5 milliards d’euros) est le maillon central du plan de relance. Outil financier dédié à l’appui aux sociétés européennes sur le plan économique et social, il s’agit d’une réponse sans précédent à la période inédite que nous venons de traverser, qui se focalise sur la transition écologique et numérique.

Le plan de relance NextGenerationEU affirme également ses ambitions territoriales : 47,5 milliards d’euros sont dédiés au fonds REACT-EU, visant à soutenir la cohésion et le développement des territoires de l’Union européenne à travers les enveloppes du Fonds social européen (FSE), du Fonds européen de développement régional (FEDER) et du Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD).

L’appui à la recherche et à l’innovation n’est pas en reste, puisque 5 milliards d’euros viennent compléter le cadre financier pluriannuel dans le cadre du programme Horizon Europe. Enfin, d’autres thèmes prioritaires de relance bénéficient de NextGenerationEU, à l’instar de la protection civile (RescUE), du développement rural ou encore de l’accompagnement social des conséquences du Pacte vert européen.

Afin de répondre aux grandes mutations de notre temps, les pays membres ont pour obligation de dépenser 37% de leur plan de relance dans l’investissement pour la transition écologique et 20% dans la transition numérique. N’en déplaise aux europhobes, la France est dans les premiers bénéficiaires du plan de relance européen. Sur les 100 milliards d’euros du plan de relance français, 40 milliards sont financés par l’Union européenne. Ni les Français, ni les citoyens européens ne financeront ce plan de relance européen ; il sera financé par la création de ressources propres à l’Union européenne. Ainsi, les entreprises polluantes étrangères, les géants du numériques et les acteurs financiers qui spéculent, paieront leur juste part.

Négociatrice sur les ressources propres pour le Parlement européen, je suis fière d’avoir participé à ce moment très important dans la construction du projet européen. L’Europe a non seulement brisé un tabou sur l’endettement commun et les ressources propres, mais elle a surtout montré que face à la crise, face aux puissances américaines et chinoises, elle est désormais prête à renforcer sa souveraineté au service des pays de l’UE et de leurs citoyens.

La Présidence française de l’Union européenne qui débutera en janvier 2022, sera alors l’occasion d’accélérer le renforcement de la souveraineté européenne.

Amitiés,

Valérie Hayer, Présidente de l'association pour une Renaissance européenne