Les ambitions industrielles européennes démultipliées par la Présidence française de l'UE

5 févr. 2022

La crise sanitaire a mis en lumière certaines de nos vulnérabilités et de nos dépendances stratégiques. Ainsi, 80% des principes actifs médicamenteux étaient produits en Chine ou en Inde avant la pandémie et seuls 2 % des métaux critiques utilisés pour la transition énergétique et numérique (comme le nickel et le cobalt) sont aujourd’hui disponibles sur le continent européen.

Lors d’un événement organisé par Renaissance européenne Pas-de-Calais à Liévin le 30 janvier dernier, Agnès Pannier-Runacher, Ministre déléguée à l’industrie, a rappelé la place prépondérante de l’Europe dans la production industrielle mondiale, mais aussi sa fragilité. Cette prise de conscience d’une désindustrialisation devenue structurelle s’accompagne d’un constat : les régions qui ont subi la plus forte désindustrialisation comme le bassin minier du département, sont aussi celles où s’observent le plus grand désintérêt pour la vie publique et la plus forte poussée des « extrêmes ».

Dans le cadre de la Présidence Française de l'UE, Agnès Pannier-Runacher, le 31 janvier, un conseil de compétitivité a réuni les ministres européens de l’industrie à Lens, au cœur d’un territoire en pleine reconversion industrielle. L'occasion de trouver des pistes de travail pour améliorer l’autonomie stratégique de l’Europe. Mais pourquoi rechercher l'autonomie stratégique ? Cette autonomie est le maître mot du destin européen afin de fabriquer les produits clefs pour se soigner, se loger, se chauffer et se nourrir. Comme l’a rappelé la ministre « ce n'est ni l'autarcie ni le protectionnisme, mais la maîtrise des savoir-faire » qui permettra à l’Union européenne de retrouver son indépendance.

Regarder l’avenir de l’Europe c’est aussi savoir se féliciter des prouesses qu’elle a réalisées. En effet, nous avons connu pendant des décennies une situation de dépendance en approvisionnement et production de vaccins, et c’est face à la crise que les pays membres ont réussi à s’unir (à mettre en commun des sites de production et toutes les capacités de recherche et développement) pour devenir en quelques mois le premier producteur mondial de vaccins. Un autre exemple permet de rendre compte de l’impact de l’Europe sur nos succès industriels : les batteries des véhicules électriques. L’Europe est devenue en quatre ans le premier investisseur sur cette technologie, rattrapant un retard considérable, notamment grâce aux Hauts-de-France en passe de devenir "la vallée européenne de la batterie électrique". Le Président de la République a ainsi annoncé le 2 février la création d'une usine de batteries électrique de l'industriel Verkor (4200 emplois dont 1200 directs), à Dunkerque, soit le troisième site de production de batteries après ACC à Douvrin et Envision à Douai.

Lors du conseil de compétitivité, des solutions ont été envisagées pour revitaliser et démultiplier les ambitions de l’industrie européenne : le conseil a formulé le souhait d’une concurrence loyale en imposant des règles industrielles et économiques, que ce soit à l’intérieur ou avec les autres partenaires mondiaux. Ains, les batteries importées devront avoir été produites selon les mêmes normes qu’en Europe (une concurrence loyale est nécessaire pour obtenir une consommation responsable) et sans dumping commercial afin de filtrer l’investissement étranger pour éviter le démantèlement d’entreprises européennes.

Le conseil a aussi abordé la nécessaire prévision d’une organisation sur l’approvisionnement des métaux critiques et la préparation aux technologies de raffinage, dans l’objectif de rassembler et « pousser » tous les pays dans ces projets d’avenir. Le groupe Renew Europe a contribué et contribuera encore à aiguillonner le Parlement européen et les gouvernements dans ce sens.

D’autres chantiers ont également été esquissés : le cloud européen, le conseil européen d’innovation, la mise en place de capacités de financement mutualisées, l’investissement dans l’hydrogène bas carbone, sont des engagements primordiaux afin de booster l’économie européenne et créer de l’emploi dans notre pays.

A la suite du conseil de compétitivité le président de la République, Emmanuel Macron, a engagé 200 millions d’euros afin d’aménager l’éclairage public, la mise à niveau des réseaux enterrés et la création la rénovation des équipements publics afin de revitaliser le bassin minier. Des annonces qui vont dans le sens de la vitalisation du grand Lille, qui permettent d’engager une politique globale d’investissement dans le Pas-de-Calais, en s’appuyant sur les avancées colossales permises par l’Union Européenne.