Retour sur le discours d'Emmanuel Macron au Parlement européen

21 janv. 2022

Lors de son discours de lancement de la Présidence Française de l’Union Européenne, du 19 janvier dernier, à Strasbourg, au Parlement européen, Emmanuel Macron a annoncé les grands chantiers qui, pendant six mois, rythmeront la vie démocratique des 27 États membres. Le chef de l’État Français a présenté des propositions concrètes pour apporter des réponses fortes aux nouveaux enjeux en matière de santé, d’immigration, d’économie, d’écologie ou encore de protection sociale, que traversent une Europe qui a su s’unir pour faire face à une pandémie mondiale. Une Europe plus forte que jamais qui, selon Emmanuel Macron, doit rester profondément optimiste, audacieuse et ambitieuse afin d’améliorer la vie et le futur des citoyens européens. 

Le Président de la République a rappelé trois promesses, trois valeurs cardinales qui sont les fondements européens aujourd’hui menacés. Ainsi, il entend repenser et consolider pendant les mois à venir : une promesse de démocratie, une promesse de progrès et un promesse de paix.

  • La clef de voûte de l’Union européenne : la promesse démocratique 

Emmanuel Macron a rappelé à plusieurs reprises sa volonté de protéger l’Etat de droit, en affirmant que « ni le retour au nationalisme, ni la dissolution de nos identités ne seront les réponses à ce monde qui advient ».
Afin de protéger la démocratie libérale, la France entend à la fois défendre la possibilité d'un droit d'initiative législative pour le Parlement européen, tout en menant un combat idéologique fort afin de « reconvaincre les peuples qui se sont éloignés de l’Etat de droit ». Face aux régimes autoritaires, les démocraties peuvent se prévaloir d’une bonne gestion de la crise sanitaire avec des taux de vaccination élevés mais c’est aussi en rappelant la protection des minorités, la liberté de la presse, le respect des droits de l’Homme que la démocratie se définit tel un pilier inébranlable face aux « fièvres de l’histoire ».

Dans l’objectif de renforcer nos valeurs européennes, loin de l’obscurantisme et du populisme, Emmanuel Macron a ainsi énoncé plusieurs mesures fortes :
- L’actualisation de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne afin d’adapter la charte aux combats sociétaux majeurs tels que la reconnaissance du droit à l’avortement ou la protection de l’environnement.
- Une refonte du modèle social européen afin de proposer des emplois mieux rémunérés, mieux qualifiés, avec un salaire minimum pour tous. Cette refonte sociale ira de pair avec la volonté d’étendre la grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron au niveau européen : l’égalité entre les femmes et les hommes, en instaurant notamment des quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises.

  • Ecologie, Révolution numérique, Sécurité : La promesse du progrès

Le 21 avril 2021,  l’Europe a rehaussé ses objectifs climatiques avec la nouvelle loi Climat. Cette loi a gravé dans le marbre l’objectif de neutralité carbone en 2050 avec un objectif intermédiaire de -57% de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. Fort de cette révolution climatique amorcée et réclamée et portée par le Groupe Renew Europe, Emmanuel Macron a rappelé que « le climat était le premier des défis » à relever. Concernant le "Green Deal, la neutralité carbone, le combat sur le glyphosate, la France est là", assure le chef de l’État, il convient cependant de trouver un consensus pour « passer de l’intention aux actes » au niveau européen.
Emmanuel Macron envisage pour parvenir à faire de l’Europe une puissance verte : l’instauration d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières soit la taxe carbone, l’adoption de la première loi au monde contre la déforestation importée, et la transformation de nos industries, entamée lors du Pacte vert.

Le second défi du siècle est celui de la révolution numérique, le Président de la République entend bâtir un véritable marché unique avec des investissements dans des secteurs nouveaux afin de faire émerger des champions européens. Cependant, le corollaire de l’ambition numérique européenne est l’encadrement des acteurs du secteur pour protéger les droits, la vie privée, et les libertés des citoyens européens. En effet, si Internet est devenu un outil indispensable, il ne faut pas réduire l’exigence envers les grands groupes comme les GAFAM qui peuvent avoir un impact considérable sur la vie des habitants européens, c’est d’ailleurs dans ce sens qu’au Parlement européen, nos eurodéputés Renaissance et en particulier Stéphanie Yon-Courtin, Sandro Gozi, et Valérie Hayer travaillent sur le Digital Markets Act (DMA) et Digital Services Act (DSA) pour respectivement encadrer les activités économiques des plateformes et pour réguler les contenus des plateformes. Egalement au coeur des préoccupations transnationales, la sécurité européenne est un sujet qui sera porté avec détermination par la Présidence Française. Afin de garantir la maîtrise des frontières, Frontex va être renforcé. Dans le même temps la France portera une réforme de l’espace Shengen, afin de maintenir la condition originelle du respect de la libre circulation, tout en protégeant nos frontières.

  • Promesse de paix : refonte nécessaire des relations entre l’UE et l’international

Face aux tensions géopolitiques et au retour de conflits armés aux portes de l'Europe, Emmanuel Macron a annoncé qu'il fallait repenser la place de l’Union Européenne dans les politiques de voisinage pour bâtir une puissance d’équilibre. Afin d’y parvenir, les relations entretenues par l’Europe avec le monde vont être minutieusement étudiées. Emmanuel Macron a notamment souhaité tenir un sommet au mois de février, afin de refonder le partenariat de l’Europe avec le continent africain. Dans les projets cités par le Président : la création d’un "New Deal" économique et financier avec l'Afrique, avec des propositions d'investissement et un agenda de sécurité délivré aux États africains confrontés au terrorisme.

D’autres perspectives internationales viennent s’ajouter au projet africain :
- Repenser la relation avec les Balkans occidentaux
- Retrouver le chemin de la confiance avec le Royaume-Uni
- Construire, comme Emmanuel Macron l'appelle de ses veaux depuis 2017, d’un ordre de sécurité collective, afin de faire entendre la voix de l’Europe sur la question des armements stratégiques, tout en continuant à chercher une solution politique dans les zones de conflits, comme en Ukraine actuellement. 

La députée européenne Renaissance Nathalie Loiseau a également rappelé que : « Nous avons davantage progressé en 3 ans sur la question de la défense européenne qu’en 4 décennies ». Le Président de la République Française s’inscrit dans cette démarche volontariste concernant la défense européenne.

L’allocution d’Emmanuel Macron a permis de délimiter les contours du programme de la Présidence Française du Conseil de l’Union européenne, tout en rappelant que l’Europe ne réussit jamais aussi bien que lorsqu’elle défend collectivement et de manière solidaire ses valeurs et ses intérêts.

En citant les mots prononcés par Robert Schumann, le père fondateur de l’Union Européenne, le chef de l’Etat s’inscrit dans une démarche de renforcement de la démocratie européenne : « Tous ensemble, face à la tyrannie de l'anecdote et des divisions entre Européens, nous avons à retrouver le sens de l'unité, le goût du temps long qui font la nécessité de l'audace, le sens de ce que Robert Schumann appelait les efforts créateurs. Ni injective, ni les divisions, ni les interdictions, ni les facilités. Ces efforts créateurs ont fait notre Europe. (…) Notre capacité à inventer un rêve possible, à le rendre tangible, à le faire réalité, à le rendre utile à nos concitoyens, est la clé de notre succès. Nous en avons la force, nous en avons les moyens. C'est pour cela que j'ai confiance en nous. »