Après le piratage d'Etat du Bélarus, l'Union européenne renforce ses sanctions

31 mai 2021

Dimanche 23 mai, un avion de la compagnie Ryanair allant d'Athènes (Grèce) à Vilnius (Lithuanie) a été contraint d'atterrir à Minsk (Bélarus) en urgence. Cette urgence n'en était pas une et l'alerte à la bombe signalée au pilote n'était qu'un leurre. En réalité, l'opération pilotée par les services du président Alexandre Loukachenko visait à interpeller et à enfermer dès l'atterrissage le jeune Roman Protasevich, 26 ans, journaliste et opposant au régime en place, après avoir fait escorté le vol commercial qu'empruntait le journaliste par un avion de chasse MiG-29.

Face à cette arrestation arbitraire ayant suivi le détournement du vol, qualifié par Clément Beaune de "piraterie d'Etat", les dirigeants de l'Union européenne n'ont pas tardé à agir. En quelques heures, les Vingt-Sept ont annoncé une liste de sanctions à l'égard du régime biélorusse, quelques heures brèves mais pourtant suffisantes pour atteindre un accord unanime sur le sujet, au regard de la gravité de la situation à l'Est de l'Union. A l'issue du Conseil européen, Emmanuel Macron a appelé à la "libération immédiate des opposants Roman Protassevitch et Sofia Sapega", alors que le premier est apparu lundi dans une vidéo où tout porte à croire qu'il subissait depuis la veille des violences physique et morale de la part de ses geôliers. La compagne de l'opposant, militant elle aussi contre le régime du président Loukachenko, a été arrêtée à son tour. Placée en détention, nous ignorons à l'heure actuelle la situation de la citoyenne russe Sofia Sapega dont l'avocat a été contraint de signer une clause de confidentialité avec le parquet.

Alors que près de 88 personnes - dont le président biélorusse - et 7 structures sont d'ores et déjà visées par des sanctions européennes portant sur l'interdiction de voyager dans l'Union et un gel de leurs avoirs, l'Union européenne a annoncé lundi 24 mai que son espace aérien serait fermé aux avions biélorusses et des mesures d'évitement du ciel biélorusse ont été adoptées par les compagnies aériennes européennes. Des sanctions économiques supplémentaires pourraient être annoncées dans les jours à venir. Les dirigeants européens et le Parlement européen ont de concert affirmé la détermination de l'Union européenne à soutenir la libération des militants aujourd'hui détenus au Bélarus loin de tous les droits fondamentaux essentiels au fonctionnement d'un Etat démocratique.   

Jeudi 27 mai, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a annoncé l'ouverture d'une enquête au sujet du détournement du vol Ryanair FR4978 et d'une potentielle violation de la Convention de Chicago. Ce détournement organisé par l'Etat biélorusse vise à museler les militants d'opposition du pays, M. Protasevich ayant été le rédacteur en chef du média d'opposition Nexta. Il risque aujourd'hui la peine de mort. 

En 2020, les eurodéputés ont décerné à l'opposition démocratique biélorusse le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit.