De l'Europe dans ma vie - lettre d'information #1

12 avr. 2021

Vous êtes plus de 3 000 à nous avoir rejoint ce weekend pour le lancement de notre association. Merci infiniment. Nous allons maintenant accélérer notre structuration locale avec la constitution d’associations départementales et commencer à contribuer activement au débat d’idées, en vue notamment de la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui débute le 9 mai prochain et de la présidence française de l’UE à partir de janvier 2022.   

Ces idées, quelles sont-elles justement ? Ce sont celles que le président de la République défend depuis son élection et toutes les autres que l’actualité a suscitées : une souveraineté européenne renforcée, une Union européenne de la santé, une Europe qui promeut, vis-à-vis des autres puissances mondiales, ses valeurs et son modèle. Nous allons prochainement revenir vers vous pour vous donner le cadre de ces réflexions à mener.   

Mais comment, dans cette première lettre d’information, ne pas revenir sur les deux temps forts de la semaine dernière, le « Sofa-gate », c’est-à-dire l’incident protocolaire et diplomatique durant la visite d’Ursula von der Leyen et Charles Michel en Turquie, et la campagne de vaccination européenne qui s’accélère grandement. 


Un "Sofa-gate" plus révélateur qu'il n'y paraît 

Il n’a pas seulement manqué un fauteuil pour la présidente de la Commission cette semaine à Ankara. Ce navrant incident a en effet révélé trois faiblesses de l’Union européenne : son rapport parfois ambigu à la Turquie et plus généralement à son voisinage, sa diplomatie inachevée et son organisation institutionnelle indécise. La Commission et le Conseil se sont renvoyés la balle pour savoir s’il y avait eu, au-delà d’une évidente manœuvre politique turque, une faute protocolaire. Qu’importe : l’UE fonctionne mal institutionnellement avec un président du Conseil européen qui n’a pas les pouvoirs d’un chef d’État – pas plus que n’en a la présidente de la Commission –, des rôles de représentants dont les contours ne sont pas toujours bien définis, et un Parlement, nous sommes bien placés pour le savoir avec la délégation Renaissance, qui n’a pas tous les pouvoirs dont il devrait bénéficier en comparaison avec les autres démocraties. 

De cette impuissance et incertitude institutionnelle découle logiquement une faiblesse diplomatique qu’exploitent les autocrates qui font de l’Europe leur ennemie. Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, s’était fait piéger par le pouvoir russe en février dernier ; aujourd’hui, c’est Recep Tayyip Erdogan qui, en refusant volontairement d’assoir une femme à ses côtés, a rappelé à tous, y compris nos dirigeants, sa conception de l’égalité femme-homme quelques jours après que son pays ait quitté la Convention d’Istanbul.   

Le défi qui attend l’Europe est donc celui de renforcer sa représentation politique pour affirmer sur la scène internationale sa « puissance ». Car l’incident du Sofa-gate a éclipsé l’essentiel : cette visite s’inscrivait dans un contexte où le pouvoir turc avait fait un pas vers l’UE après des mois de tensions, rappelant ainsi que nos voisins ont davantage besoin de l’Europe que l’inverse.   


La stratégie vaccinale de l'UE est un succès (et peu le reconnaissent)  

Invités du Grand rendez-vous et du Grand Jury ce dimanche, Agnès Pannier-Runacher et Clément Beaune sont revenus longuement sur la stratégie vaccinale de l’UE, rappelant qu’elle entrait désormais dans une nouvelle phase très claire d’accélération que chacun pourra voir dans les prochains jours en France avec une ouverture de la vaccination aux plus de 55 ans dès ce lundi.    

Il y a un an, l’Europe n’avait que peu de compétence en matière de santé. Mais, face à la violence de la crise sanitaire que nous vivons, elle s’est imposée pour répondre aux besoins rencontrés par les États membres. Les retards initiaux de la stratégie vaccinale ne sont donc pas de son fait : comme l’a déclaré la Ministre déléguée chargée de l’Industrie, le problème n’est pas que nous avons eu trop d’Europe, mais au contraire que nous n’en avons pas eu assez. Nous nous battons d’ailleurs au Parlement européen avec Véronique Trillet-Lenoir pour donner à l’UE des compétences et des moyens similaires à ceux de la « BARDA » américaine (agence chargée de la recherche et le développement de solutions biomédicales de pointe).   

Mais cet épisode de la vaccination a révélé la faiblesse européenne à défendre efficacement sa politique. Pas un jour ne se passe sans que nous entendions dans les médias que l’Europe a failli – ce qui est faux –, que nous devrions recourir aux vaccins russes, chinois ou même cubains ou que les Régions devraient négocier en direct avec les laboratoires. Or la Chine a reconnu elle-même que son vaccin n’était pas assez efficace, les Russes ont des difficultés de production qui leur empêcheraient de livrer des pays européens et toute commande nouvelle, si elle pouvait même être honorée, n’arriverait qu’après celles déjà prévues. Le vaccin cubain, lui, est toujours en phase de test. Pendant ce temps, l’UE a assuré le nombre de doses suffisant pour sa population et ses usines tournent à plein régime pour répondre aux besoins des populations.   

Tout cela relève donc d’une propagande sciemment entretenue par les détracteurs habituels de l’Union européenne que sont le RN et les insoumis et quelques autres « souverainistes » nationaux. À nous de réaffirmer en retour ce rôle de l’Europe, sa pertinence, pour le plus grand nombre, dans tous les territoires. C’est l’objet même de notre association ! 

Valérie Hayer, présidente de l'association pour une Renaissance européenne