Métavers : les citoyens européens ont délibéré !

14 mai 2023

Le 23 avril dernier, les 150 européens composant le panel citoyen sur le métavers ont rendu leur copie. Après deux mois d’une délibération vivante et très constructive, ils ont élaboré 23 recommandations pour créer des mondes virtuels sûrs et démocratiques. Ces dernières vont maintenant nourrir le travail de la Commission européenne qui doit présenter une stratégie sur le sujet d’ici la fin de l’été. Car si le métavers représente une opportunité économique bien réelle pour les entreprises européennes, il convient de mettre en place des garde-fous pour éviter de potentielles dérives, comme celles que l’on a déjà pu observer avec les réseaux sociaux. Pour reprendre l’expression consacrée par Thierry Breton, le Commissaire européen en charge du numérique et membre de Renew Europe, il s’agira de s’assurer que ce qui est illégal en ligne, l’est également hors ligne.

Pour un métavers européen...

Univers virtuels immersifs qui permettront à des utilisateurs d’interagir avec d’autres utilisateurs par l’intermédiaire d’un avatar, beaucoup pensent que les mondes virtuels représentent une révolution comparable à celle de l’internet. Si la technologie n’est pas encore complétement mature, certaines entreprises du numérique ont déjà commencé à expérimenter dans des domaines aussi variés que les jeux vidéos, l’éducation ou encore la santé. Le métavers devrait ainsi transformer en profondeur la manière dont nous interagissons, apprenons et travaillons. C’est pourquoi, le Président Emmanuel Macron a appelé à la création d’un « métavers européen » en mars 2022. Bâti par des acteurs européens, il ne dépendra ni des géants de la tech américains, ni des chinois, et respectera nos valeurs cardinales.

… « centré sur les personnes »

C’est dans une optique similaire que le panel citoyen sur le métavers a achevé ses travaux, recommandant non seulement à l’UE d’investir dans les mondes virtuels, mais aussi de les développer d’une manière « équitable et centrée sur les personnes », notamment en :

  • Garantissant la protection des droits fondamentaux qui sont au cœur du projet européen, dont le respect de la vie privée et le droit à un environnement de travail sain.
  • Assurant l’accès de tous à cette technologie et proposant des formations pour les travailleurs, les professeurs et les élèves qui l’utiliseront.
  • Protégeant les populations les plus vulnérables, comme les enfants, et labelisant les mondes virtuels qui seront dignes de confiance.
  • Créant une police pour protéger les utilisateurs contre les crimes et délits qui risquent d’émerger dans ce nouvel espace.
Et le panel citoyen de conclure que l’UE doit devenir un « acteur fort et pionnier dans […] la régulation des mondes virtuels, afin de protéger nos valeurs démocratiques et de les diffuser dans d'autres pays ».

Une nouvelle donne participative

S’il était normal pour la Commission européenne d’associer les citoyens à cette réflexion – le métavers devant être un espace sur lequel chacun à son mot à dire – cette initiative reflète aussi une volonté de faire participer davantage les européens à l’élaboration des politiques. Les citoyens ont été clairs durant la Conférence sur l’avenir de l’Europe, le plus grand exercice de démocratie participative jamais organisé dans l’UE, en demandant à ce que des opportunités similaires soient offertes plus fréquemment à l’avenir. En plus du métavers, deux autres panels citoyens ont ainsi été organisés depuis le début de l’année, l’un sur l’apprentissage à l’étranger et l’autre sur le gaspillage alimentaire. La méthode est simple, les citoyens étant choisis au hasard pour représenter la diversité de la population européenne, mais aussi juste et constitue une nouvelle donne participative pour l’UE.

Quelles implications stratégiques ?

Notre démocratie représentative est également à la tâche avec le Parlement européen qui est en train d’élaborer un rapport évaluant les opportunités, les risques et les implications stratégiques que représentent les mondes virtuels. Laurence Farreng, notre eurodéputée Renew Europe spécialiste des industries culturelles et créatives, en sera la rapporteure au sein de la commission de la culture. Déjà autrice d’un rapport sur l’industrie des jeux vidéo qui a été adopté par le Parlement européen en novembre 2022, elle défend que le métavers est un enjeu de souveraineté clef pour l’UE. Pour protéger nos données, défendre le droit d’auteur, booster l’innovation et accroître le « soft power » européen dans le monde numérique, l’UE doit agir dès maintenant. Les GAFAM, une fois mais certainement pas deux …