Russiagate : cri d’alerte des eurodéputés pour stopper l'ingérence russe et protéger la démocratie

13 mars 2024

Le 8 février dernier, le Parlement européen a adopté massivement, avec 433 voix pour, 56 contre et 18 abstentions, une résolution alertant contre la multiplication des ingérences russes et appelant à un réarmement des démocraties européennes. Porté par le groupe Renew Europe, ce texte est une réponse directe au Russiagate. À la fin du mois de janvier, des médias indépendants ont révélé, preuves concrètes à l'appui, que l'eurodéputée lettone Tatjana Ždanoka aurait agi en tant qu'informateur pour le FSB, les services secrets russes. Connue pour ces positions pro-russes, cette eurodéputée s’oppose à l’existence de la Lettonie comme pays souverain et a toujours refusé de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une situation extrêmement grave qui n’a pourtant pas ému plus que cela l’extrême droite européenne. Le groupe Identité et démocratie (ID), dont est membre le Rassemblement national (RN), a voté contre la résolution, montrant à nouveau qui sont les alliés du régime de Poutine en Europe.

La volonté russe de détruire nos institutions

La stratégie du Kremlin pour miner nos institutions est indéniable. A coup d’ingérences et de manipulations, Moscou espère « en fin de compte détruire la démocratie en Europe. » Comme l’expliquent les eurodéputés, cette stratégie comprend le financement de partis politiques européens, le recrutement d’élus et la mise en place de campagnes de désinformation massives. Les exemples sont nombreux, en plus de celui du Russiagate. Les eurodéputés citent notamment le prêt de 9,4 millions d’euros que Marine Le Pen a obtenu auprès d’une banque russe en 2013 ou encore le fait qu’un ancien député FN ait accueilli la fille du porte-parole du Kremlin pour un stage de 2018 à 2019. Plus récemment, la France, l’Allemagne et la Pologne ont révélé l’existence d’un réseau de près de 200 sites de propagande pro-russe. Baptisé « Portal Kombat », il vise à influencer les opinions publiques européennes en couvrant positivement l’invasion russe en Ukraine. Ces initiatives, qui ne cessent de se multiplier, démontrent que les ingérences russes ont atteint un « niveau sans précédent » selon le Parlement européen.

Réarmer les démocraties européennes

Un niveau qui exige des investissements forts pour protéger la démocratie qui est au fondement de l’identité de l’Union européenne. Cela d’autant plus dans la perspective des élections de juin 2024, constituant une cible privilégiée pour le régime de Poutine. Nathalie Loiseau, eurodéputée Renew Europe et présidente de la sous-commission de la défense, estime ainsi qu’il est « urgent de renforcer la culture de la sécurité au sein du Parlement européen, de réformer nos règles en matière de transparence, de probité, de responsabilité et de lutte contre la corruption. L'ingérence russe est une arme de destruction massive de la démocratie. » En ce sens, les eurodéputés appellent à créer au plus vite une haute autorité pour la transparence de la vie publique et à interdire purement et simplement les entités ayant un lien même indirect avec la Russie d’exercer une mission de représentation d’intérêts. Les eurodéputés demandent également aux Etats membres de renforcer les sanctions à l’égard de la Russie et d’investir massivement dans la cybersécurité pour garantir la sincérité des élections européennes à venir.

L’extrême droite, porte-voix du Kremlin

Suite à l’adoption de cette résolution, l’eurodéputée Renew Europe Nathalie Loiseau a soulevé une question des plus brûlantes : « Dénoncer, à mon initiative, les ingérences russes en Europe, presque tout le Parlement européen est d'accord. Tous sauf ... l'extrême-droite. Mais par quel pacte le RN est-il tenu pour se singulariser de la sorte ? Les liens avec Moscou sont-ils donc toujours aussi étroits ? » Le RN demeure, en effet, un soutien constant du Kremlin, agissant comme un relais du pouvoir russe en Europe, comme en témoignent de nombreux rapports parlementaires et articles de presse, du Washington Post en passant par Le Monde. Alors que le parti de Marine Le Pen ne cesse d’accuser l’Union européenne d’être faible, inefficace ou encore hostile aux intérêts de la France, il est clair que ce ne sont pas les Français que l’extrême droite défend. Ce sont en réalité les intérêts du régime de Poutine.