L’extrême droite italienne de Giorgia Meloni franchit un pas dans la négation des droits LGBTQ+

12 avr. 2023

Alors que Giorgia Meloni tente depuis son arrivée au pouvoir de mener une politique sociale normalisée, se revendiquant tantôt pro-Ukraine, tantôt pro-européenne, ses dernières décisions contre les migrants ou les droits LGBTQ+ trahissent ce positionnement de façade et nous rappellent à quel point la présidente du Conseil des ministres d’Italie est une ultraconservatrice d’extrême droite.

Giorgia Meloni s’attaque aux droits des minorités récemment acquis

Après avoir durci sa politique migratoire en restreignant les conditions de sauvetage en mer, Giorgia Meloni s’est attaquée aux droits des LGBTQ+, continuant ainsi sa croisade populiste contre les minorités. Depuis la légalisation du PACS à l’italienne en 2016, les municipalités enregistraient les familles homoparentales au registre de l’état civil sans aucune difficulté. Pourtant, le 13 mars dernier, Giorgia Meloni a ordonné au maire de Milan de cesser ces enregistrements pour les enfants nés à l’étranger d’une gestion pour autrui (GPA) ou d’une procréation médicalement assistée (PMA). La circulaire de son ministre de l’Intérieur va encore plus loin : elle se donne le droit d’empêcher la reconnaissance à l’état civil d’enfants de couples lesbiens bien que nés sur le sol italien et d’annuler les actes de naissance établis à l’étranger d’enfants nés de GPA. "C'est un pas en arrière évident d'un point de vue politique et social"  a déclaré le maire de Milan, Guiseppe Sala.

Une mesure qui pénalise en premier lieu les enfants

Les conséquences sont désastreuses pour les enfants et leur famille. Seul le parent biologique pourra obtenir la filiation et donc l’autorité parentale sur son enfant. Par conséquent, en cas de décès de ce parent, les enfants n’auront plus de garantie de rester auprès de leur famille. Le lien de filiation entre le parent d’intention et l’enfant devra être obtenu devant les tribunaux italiens, ce qui placera l’ensemble des membres de la famille dans une situation d’incertitude et de précarité.

L’offensive anti-homoparentalité de l’exécutif italien dénoncée par les eurodéputés Renew Europe

Dans un article publié dans l’Opinion le 2 avril 2023, l’eurodéputé Stéphane Séjourné, président du groupe Renew Europe a dénoncé les agissements de Giorgia Meloni.  « Si elle peut faire des gains électoraux sur le dos des plus faibles, ici des enfants, elle le fera. En remettant en cause les familles homoparentales, le gouvernement Meloni vise un groupe minoritaire » et d’ajouter « qu’elle utilise des moyens détournés pour ne jamais se confronter à l’opinion populaire. Meloni n’a proposé aucun référendum sur le sujet, n’a pas utilisé la loi. Un grand classique des Orbán et Kaczyński. »   L’eurodéputé Nicola Danti, vice-président de Renew Europe estime quant à lui que « le gouvernement de Giorgia Meloni choisit de jouer avec les droits des enfants, en violation directe de la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant de 1989. Toutes les familles ont des formes différentes et nous avons la responsabilité de garantir pleinement leurs droits partout dans l'UE.»

Une politique discriminatoire également condamnée par le Parlement européen

Le 30 mars dernier, les eurodéputés ont adopté un amendement à l’initiative du groupe Renew Europe dans le cadre de la résolution sur le rapport 2022 sur l’état de droit invitant le gouvernement italien à « annuler immédiatement sa décision » et s’inquiétant du fait que celle-ci « s’inscrit dans le cadre d’une attaque plus large contre la communauté LGBTQ+ en Italie ».

Dernier exemple en date : la Commission européenne a proposé l’instauration d’un "certificat européen de parentalité" valable et reconnu dans l'ensemble de l'UE, mesure largement soutenue par Renew Europe. Avec ce projet, tous les Etats membres devront reconnaître les liens de parentalité établis par cet acte authentique, ainsi que la décision du tribunal d'un Etat membre sur la reconnaissance de parentalité. Cela n’est pas le cas aujourd’hui, en atteste la situation de « Baby Sara » dont la filiation avec ses deux mères n’a pas été reconnue en Bulgarie. A nouveau, cette proposition a été récemment rejetée par le Sénat italien. Une étape de plus dans le projet ultraconservateur de Giorgia Meloni et de son parti d’extrême droite « Fratelli d’Italia ».

Pour les eurodéputés Renew Europe, l’échelon européen est le plus pertinent pour ancrer le droit des familles homoparentales partout dans l’Union européenne et sont déterminés à poursuivre le travail pour protéger les droits des enfants que certains pays comme la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie ou l’Italie dénient, les mettant de fait en danger. C'est le travail mené en particulier par l'eurodéputé Renew Europe Pierre Karleskind, rapporteur pour Renew sur le règlement sur la reconnaissance mutuelle des familles entre les pays