En route vers la réindustrialisation verte : la première méga-usine de batteries ouvre ses portes en France

15 juin 2023

Le 30 mai dernier, la France a inauguré sa toute première méga-usine de batteries électriques à Billy-Berclau-Douvrin, dans le Pas-de-Calais. Portée par la co-entreprise franco-allemande Automotive Cells Company (ACC) – regroupant Stellantis, Mercedes Benz et Total Energies – cette gigafactory permettra de produire 40 GWh de batteries en 2030, de quoi équiper plus de 500 000 voitures électriques par an. Comme le souligne le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, cette inauguration a marqué "un grand jour pour l'industrie française et pour l'industrie européenne. C'est la première fois que nous créons depuis Airbus, une nouvelle filière industrielle en France et en Europe. Ça va nous permettre de gagner la bataille sur les véhicules électriques pour le 21ème siècle."

Faire face à la concurrence chinoise

Alors que l’UE est en train de négocier deux textes majeurs pour faciliter l’implantation d’usines vertes sur le sol européen (Net-Zero Industry Act) et sécuriser son approvisionnement en métaux critiques pour fabriquer des batteries et panneaux solaires (Critical Raw Materials Act), l’ouverture de la méga-usine d’ACC sonne le début de la réindustrialisation verte de l’Union européenne. La Chine a pris une avance considérable dans ce domaine, en produisant à elle seule près de 73% des batteries mondiales, mais l’UE ne peut se permettre d’être dépendante d’un pays étranger pour réussir sa transition écologique. Comme l’explique Volker Wissing, le ministre allemand des Transports et membre de Renew Europe, « cette usine, avec les deux autres d'ACC prévues en Allemagne et en Italie, contribuera à ce que l'Europe soit encore demain à la pointe du progrès mondial », face à la concurrence chinoise et au défi du réchauffement climatique.

Préparer la fin des voitures thermiques

Accélérer la production de batteries est d’autant plus crucial que l’Union européenne vient d’acter la fin de la production de voitures thermiques en 2035. A partir de cette date, la vente de toute nouvelle voiture ou camionnette neuve utilisant du carburant fossile sera strictement interdite sur le sol européen. Les objectifs du Président de la République Emmanuel Macron pour préparer cette transition vers la voiture électrique sont clairs : la France doit être en mesure de satisfaire ses propres besoins en batteries dès 2027 et d’exporter ces technologies à l’international d’ici à 2030. En parallèle, les constructeurs français seront encouragés à atteindre une production de 2 millions de voitures électriques par an d’ici la fin de la décennie, soit l’équivalent de la production française totale de véhicules en 2018.

Une vallée de la batterie européenne

Pour relever ce défi industriel d’envergure, la France pourra compter sur la méga-usine d’ACC ainsi que trois autres projets de giga-factories de batteries qui verront le jour sur le sol français avant la fin de 2026. Ces usines qui attireront également des fournisseurs de matériaux, des constructeurs de composants ainsi que des entreprises de recyclage formeront un nouvel écosystème de la batterie. Le tout composera ce que certains aiment à appeler la "vallée de la batterie européenne". S’étendant de Dunkerque à l’ancien bassin minier du Nord de la France, cette nouvelle filière industrielle permettra de créer plus de 20 000 emplois et redynamisera un territoire qui a subi de plein fouet la désindustrialisation depuis les années 1970.

Être à l’avant-garde de la réindustrialisation

Car comme le défend le Président de la République, « réindustrialiser est le seul moyen de redonner des projets et des emplois partout dans le pays » et le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour positionner la France à l’avant-garde de la bataille pour la reconquête industrielle. A côté des batteries électriques, le dernier sommet Choose France a été l’occasion d’annoncer plus de 13 milliards d’euros d’investissement sur le sol français. On peut notamment se réjouir de la construction d’une giga-factory de panneaux solaires par Holosolis d’ici 2025 en Moselle, qui permettra la création de 1700 emplois. Ou encore du plan d’investissement de la startup NewCleo avec 3 milliards d’euros pour développer des petits réacteurs nucléaires dans l’Hexagone.