Le programme « Global Gateway » ou l’alternative aux routes de la soie chinoises

25 nov. 2023

Le premier forum Global Gateway, du nom du programme phare d’investissement européen dans les infrastructures étrangères, a eu lieu les 25 et 26 octobre 2023 à Bruxelles, réunissant des représentants gouvernementaux de haut niveau, d’institutions financières et d’entreprises. L’accent a été mis sur l’énergie verte, les matières premières critiques, la connectivité, la santé et l’éducation. La France y était représentée par Chrysoula Zacharopoulou, Secrétaire d'État chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux et ancienne eurodéputée du groupe Renew Europe.

Lancé il y a deux ans, le programme Global Gateway de l’UE vise à investir 300 milliards d’euros d’ici à 2027 dans le développement d’infrastructures matérielles et immatérielles dans le monde entier, telles que des installations de production de vaccins, des routes ou encore des connexions Internet à haut débit, ainsi que dans la numérisation des transports et la conclusion d’accords portant sur des matières premières essentielles. La stratégie Global Gateway est pensée comme la contribution de l’UE à la réduction du déficit d’investissement mondial. A noter qu’environ 150 milliards d’euros d’investissements, soit la moitié du montant prévu, sont consacrés au renforcement de la coopération avec les partenaires africains. L’UE a également commencé à mettre en œuvre la stratégie Global Gateway en Asie et dans le Pacifique, ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, où la présidente Von der Leyen a annoncé durant le Forum un investissement global de l’UE et de ses États membres de plus de 45 milliards d’euros. En 2023 seulement, se sont ainsi 90 projets qui ont été lancés à travers le monde dans les secteurs du numérique, de l’énergie et des transports afin de renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche à l’échelle mondiale.

Parmi les grands accords conclus lors du Forum, retenons la présentation d’un ensemble de projets pour le Mexique, l’annonce d’un plan d'action pluriannuel de 89,5 millions d'euros pour soutenir le processus de construction de l'État en Somalie, ou bien l’officialisation d’un partenariat en faveur du développement numérique du Kirghizstan pour soutenir son ambition de devenir un pionnier du numérique en Asie centrale. La présidente de la Commission européenne a également annoncé de nouveaux accords sur les matières premières essentielles avec la République démocratique du Congo et la Zambie. Toutes ces annonces sont la preuve de la dimension planétaire de Global Gateway.

Hasard, ou non, du calendrier, ce forum a eu lieu une semaine seulement après que la Chine a organisé son propre forum pour célébrer les succès de ses Nouvelles routes de la soie. Cette initiative, dotée de 1 000 milliards d’euros, a été lancée par Pékin il y a dix ans. À l’instar de l’ancienne Route de la soie, elle a pour objectif de relier la Chine au monde via des investissements massifs dans les infrastructures de transport. Toutefois, certains pays bénéficiaires se sont laissé entrainer dans le « piège de la dette », étant dans l’impossibilité de rembourser les prêts chinois. Au contraire, Ursula von der Leyen a déclaré que l’objet de Global Gateway était « d’offrir des choix aux pays concernés, de meilleurs choix ». Global Gateway a donc été présentée comme une alternative plus transparente à ce piège chinois. Les Européens veulent en effet privilégier les dons dans le cadre de l’aide au développement, contrairement aux prêts accordés par la Chine dans le cadre de son initiative des Nouvelles routes de la soie.

Pour beaucoup, le fait que le premier forum Global Gateway ait rassemblé plus de 40 représentants gouvernementaux de haut niveau montre que cette stratégie « tient ses promesses », laissant entendre qu’elle rivalise bien en termes de volume avec son homologue chinois. « Nous parlons de plus en plus de la concurrence des offres, et pas seulement de la concurrence des récits », a résumé la commissaire européenne au Développement, Jutta Urpilaine. Dès lors, l’organisation de ce Forum alors que l’UE est confrontée à la concurrence de la Chine, de la Russie et d’autres acteurs majeurs sur la scène internationale prouve bien que cette dernière est prête à repenser l’avenir de son aide au développement afin de redéfinir ses relations avec les pays tiers.