L’UE tient bon et tourne la page des voitures thermiques

23 avr. 2023

Le 28 mars dernier, l’UE a mené à bon port l’une des réformes phares du paquet Fit for 55 en actant la fin des voitures thermiques en 2035. A partir de cette date, la vente de toutes les nouvelles voitures ou camionnettes utilisant du carburant fossile sera interdite sur le sol européen. Avec ce règlement, l’UE franchit ainsi un nouveau cap vers son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 ; le transport particulier ne représentant pas moins de 15% des émissions européennes de CO². Une décision d’autant plus remarquable, que la route pour y arriver a été semée d’embuches …

La volte-face allemande

Proposé en juillet 2021 par la Commission européenne, ce règlement avait fait l’objet d’un accord entre le Parlement européen et le Conseil de l’UE dès octobre 2022. Alors qu’il ne manquait plus que la signature des Etats membres pour promulguer le texte – généralement une formalité – l’Allemagne a retiré son soutien au dernier moment. Contrairement à l’accord obtenu, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, réclame que certaines voitures à moteurs thermiques puissent continuer d’être construites après 2035. Il s’agirait de s’assurer que « le savoir-faire technologique [soit] préservé dans un pays exportateur comme l'Allemagne. »

Un soutien à l’automobile de luxe

Derrière cette volte-face allemande se cache en réalité une volonté de soutenir l’automobile de luxe. L’Allemagne exige en effet que les voitures roulant aux carburants de synthèse puissent toujours être construites après 2035. L’utilisation de ces carburants controversés et très chers – produits chimiquement à partir d’électricité bas carbone et de dioxyde de carbone – était défendue par les constructeurs de luxe, qui y voyait un moyen de contourner l’interdiction. Ces mêmes constructeurs avaient pourtant déjà obtenu une dérogation – le fameux « amendement Ferrari » – qui permet aux constructeurs produisant moins de 10 000 véhicules par an, essentiellement des marques haut de gamme, d’équiper leurs voitures d’un moteur thermique jusqu’en 2036. Non contente de cette dérogation, la filière automobile de luxe souhaitait continuer à produire des voitures thermiques bien au-delà de cette échéance. Elle espérait obtenir un passe-droit avec le soutien de l’Allemagne ; sans succès toutefois.

Une fois qu’un accord est adopté, il doit être respecté !

« Contrairement aux tentatives de blocage, voire de retour en arrière, de l'Allemagne ces dernières semaines sous la pression de certains constructeurs de voitures de luxe, le texte validé par le Conseil [le 28 mars] est bien le même », s’est félicité notre eurodéputé Renew Europe Pascal Canfin, Président de la commission de l’environnement au Parlement européen. Alors que l’Allemagne souhaitait renégocier, le groupe Renew Europe s’est fixé une ligne rouge et l’a emporté : une fois qu’un accord est adopté, il doit être respecté. D’autant plus que « ce n’est pas en donnant des contre-signaux que l’on va réussir à créer cette voiture électrique accessible à tous », a expliqué le ministre français des Transports, Clément Beaune.

Des voitures électriques abordables et « Made in Europe »

Lors des négociations, l’ambition du groupe Renew Europe a toujours été de défendre une transition juste vers l’électrique : la fin de l’essence et du diesel ne pourra être acceptée que si nous produisons des voitures électriques abordables. C’est dans ce sens que nos eurodéputés ont mis un point d’honneur à accompagner la transformation de l’industrie automobile à travers la création d’un Fonds de transition juste. Ce fonds permettra aux salariés du secteur de se former à de nouvelles compétences et soutiendra le développement d’une filière de la voiture électrique grand public et « made in Europe ».