Unité sur l’Ukraine, divergence sur les migrations, prudence sur la Chine, un Conseil européen haut en couleurs

5 juil. 2023

Le Conseil européen de la semaine dernière (28-29 juin) s’est réuni à Bruxelles pour aborder des sujets cruciaux pour l’avenir de l’UE à savoir le soutien à l’Ukraine, l’augmentation des capacités européennes de sécurité et de défense, le thème des migrations et enfin la relation à la Chine. Si le Président français a dû s’absenter à la moitié du sommet en raison de la situation tendue sur le territoire national, cela n’a pas empêché les 27 de débattre de ces sujets complexes.

Le différend sur l'immigration a été le plus dramatique du sommet, la Pologne et la Hongrie ayant rejeté une déclaration du sommet qui aurait consacré le pacte asile et migration adopté début juin, selon lequel les États membres doivent partager l'accueil des demandeurs d'asile ou payer ceux qui le font. Cela a contraint le président du Conseil européen, Charles Michel, à publier une déclaration en son nom propre indiquant que "les travaux seront poursuivis" sur les questions de migration, tout en notant le désaccord de Varsovie et Budapest. Malgré tout, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l'accord préliminaire du 8 juin sur la révision des règles d'asile, adopté par une large majorité de pays de l'UE, constituait un "tournant" et qu'elle s'attendait à ce qu'il soit transposé dans la législation avant la fin de l'année.

Ensuite, le Conseil européen a poursuivi son débat stratégique sur les relations de l'UE avec la Chine et a réaffirmé l'approche stratégique multiforme de l'UE à l'égard de la Chine, dans le cadre de laquelle ce pays est considéré à la fois comme un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Il ressort du sommet que l'Union européenne et la Chine ont un intérêt commun à entretenir un dialogue équilibré et des relations stables. Toutefois, conformément à l’agenda de Versailles adopté sous PFUE, l'Union européenne continuera de réduire ses dépendances et ses vulnérabilités critiques à l’égard de la Chine en procédant à une diversification lorsque cela sera nécessaire et approprié. Enfin, les dirigeants européens se sont déclarés « préoccupés » par la montée des tensions dans le détroit de Taïwan. Le Conseil européen s'oppose à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo par la force ou la coercition.

Néanmoins, le principal message du sommet était l'unité sur l'Ukraine. Le Conseil européen a affirmé une nouvelle fois que l'UE est prête à fournir un soutien militaire durable à l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra, notamment dans le cadre de la mission d'assistance militaire de l'UE et de la facilité européenne pour la paix. Jusqu'à présent, l'UE et ses États membres ont fourni plus de 77 milliards d'euros à l'Ukraine. À cet égard, les dirigeants de l'UE ont fait le point sur les progrès réalisés dans la livraison et l'acquisition conjointe de munitions pour l'Ukraine, avec 1 000 000 munitions d'artillerie promises avant mars 2024. Dans ce contexte, ils se sont félicités de l'adoption du onzième train de sanctions contre la Russie, et de la décision de relever à nouveau le plafond financier de la facilité européenne pour la paix (FEP), ajoutant 3,5 milliards d'euros.

Les dirigeants de l'UE ont également fait le point sur les initiatives en cours visant à renforcer les capacités de défense de l'UE, et se sont également félicités des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la boussole stratégique. Le Conseil a décidé de jeter les bases d'un "sommet mondial de la paix" qui discuterait de la paix d'après-guerre pour le pays. Ils ont également décidé d'examiner les "futurs engagements en matière de sécurité" pour l'Ukraine, comme l'a suggéré la France.

Ce sommet était symptomatique des grands débats qui agitent l’Europe et les 27, et qui seront sans aucun doute au cœur des enjeux des élections européennes prévues dans moins d’un an. A cette occasion, le groupe Renew Europe aura à cœur de proposer un programme ambitieux pour faire de l’UE une Union plus unie sur ces sujets clefs.