"Je ne pense pas qu'il y ait une Europe de l'Ouest et une Europe de l'Est […], il n'y a qu'une seule Europe"

20 juin 2023

Renouer le dialogue avec les pays d’Europe centrale et de l’Est pour renforcer l’unité européenne. Tel était le pari du Président de la République lors de son intervention durant la conférence GLOBSEC 2023 en Slovaquie le 31 mai. Ce discours à Bratislava, la veille du sommet de la CPE en Moldavie, a permis à la France de clarifier sa position sur les conséquences géostratégiques du retour de la guerre sur notre continent.

Le président français Emmanuel Macron a cherché à se réconcilier avec les Européens de l'Est, déclarant qu'il souhaitait une relation plus collaborative avec les États ex-soviétiques. Souvent perçue comme arrogante ou lointaine, le Président de la République a reconnu les torts de la France : "Nous ne vous avons pas suffisamment écoutés, vous qui avez demandé que votre histoire et vos souvenirs douloureux soient reconnus", a-t-il déclaré. Ses commentaires ont semblé toucher un public majoritairement originaire de la région, qui l'ont applaudi chaleureusement lors de son discours.

Le chef de l’Etat a souligné durant son discours combien la guerre en Ukraine représente une opportunité pour les Européens d’être acteurs de la future architecture de paix et de sécurité qui va se redessiner sur notre continent. Emmanuel Macron a en effet appelé l’Occident et l’Europe à ne pas être « kidnappé[s] une deuxième fois », par la guerre de Poutine, dans une référence directe à l’auteur franco-tchèque Milan Kundera. Cette guerre confirme le nécessaire renforcement de l’autonomie stratégique et de la souveraineté européenne, tel que promu par l’agenda de Versailles agréé en mars 2022 sous Présidence française du Conseil de l’UE. Une « Europe géopolitique » telle que défendue par les eurodéputés Renew Europe.

Selon le Président de la République, la guerre d’agression de l’Ukraine par la Russie a permis aux Européens de dresser un double constat : tout d’abord, la « force et l’efficacité » de l’Alliance euro-atlantique, mais aussi « l’exemplarité, l’unité, la clarté et la rapidité » de la réponse européenne tant sur le plan de l’aide civile que sur celui de l’aide militaire. Le Président a présenté la défense européenne comme le pilier européen de l’OTAN, renforçant de ce fait l’Alliance et ne se construisant donc pas en opposition à celle-ci. Il a néanmoins rappelé la nécessité de ne pas « déléguer notre sécurité collective et notre stabilité au choix des électeurs américains ».

Revenant sur l’Ukraine, le président français a insisté sur son engagement à soutenir Kiev "à long terme", en prenant soin d’éviter tout conflit gelé qui constituerait « une autre guerre pour demain » et non une solution durable de paix.

Ce forum GLOBSEC de Bratislava a également été marqué par l’annonce par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, d’un nouveau plan visant à rapprocher les Balkans occidentaux de l'UE. Dévoilant un plan en quatre points visant à stimuler la croissance locale, la plus haute responsable de l'UE a déclaré que l'UE devait "prendre la responsabilité de rapprocher de nous les aspirants membres de notre Union". Ce plan propose des mesures en vue d’aligner davantage les Balkans occidentaux sur le marché unique de l'UE, d’approfondir l'intégration économique régionale, d’accélérer les réformes judiciaires et la lutte contre la corruption, ainsi qu'augmenter les fonds de préadhésion. Néanmoins, Ursula von der Leyen a souligné que les pays des Balkans occidentaux devront également « faire leur part » afin d'accéder à ces nouveaux avantages.

Finalement, "Je ne pense pas qu'il y ait une Europe de l'Ouest et une Europe de l'Est, une vieille Europe et une nouvelle ; il n'y a qu'une seule Europe ... avec la volonté de construire l'unité", a conclu Emmanuel Macron. Une unité lancée comme un défi au président Poutine et à sa guerre d’agression.