Adoption de la directive sur les énergies renouvelables (RED III) : « le Green Deal va de l'avant »

19 sept. 2023

"C'est un signal très important que le Green Deal va de l'avant", s’est félicité Pascal Canfin, eurodéputé Renew et Président de la Commission de l'environnement (ENVI), en faisant référence au plan de l'UE pour réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro d'ici 2050.

Le Parlement européen a donc adopté lors de la session plénière de rentrée la directive révisée sur les énergies renouvelables (Renewable Energy Directive, RED). La directive fixe un nouvel objectif : 45% d'énergies renouvelables dans le mix énergétique européen d'ici 2030 (dont 42,5% contraignants). Il s’agit de l’une des pierres angulaires du paquet « Fit for 55 » visant à d'atteindre les objectifs de l’Union européenne en matière d’énergie et de climat. En plus d’accélérer la transition énergétique de l’Europe, l’un des objectifs sous-jacents du texte est de réduire la dépendance de l’UE à l’égard des importations de combustibles fossiles, ce qui est particulièrement pertinent dans le contexte de la récente crise énergétique déclenchée après l’agression russe contre l’Ukraine. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle le plan REPowerEU avait revu à la hausse l'objectif global en matière d'énergies renouvelables (de 40 % à 45 %). Sachant que la part des énergies renouvelables dans le mixte énergétique de l'UE s'élève actuellement à 22,1 %, ce nouveau texte implique de doubler cette part d'ici à 2030, principalement grâce à des capacités éoliennes et solaires supplémentaires.

Christophe Grudler, shadow de Renew Europe pour cette directive, explique les enjeux de l’adoption de ce texte : « En 2021, à peine 21,8 % de l’énergie consommée dans l’UE provenait d’énergies renouvelables. C'est loin d'être suffisant. C'est pourquoi nous avons défendu de nouveaux objectifs ambitieux pour accélérer nos efforts en faveur de tous les types d'énergies renouvelables partout en Europe. Cette législation est une « success story » qui nous permet, d'une part, de placer notre continent comme leader mondial en matière de décarbonation, ce qui garantit notre sécurité énergétique face à la Russie et, d'autre part, de poser les bases pour faire du changement climatique une opportunité et ériger L'Europe en acteur résilient au changement climatique, ce qui est particulièrement pertinent au terme d'une année où la planète a connu les températures les plus élevées de son histoire ».

Mais alors, dans le détail, quels sont les nouveaux objectifs en matière d’énergie renouvelable introduits par RED ?

- L'un des sous-objectifs majeurs de ce texte est celui concernant le secteur des transports, pour lequel la part des énergies renouvelables devra passer de 14 % à 29 %. Un objectif parallèle de réduction de 14,5 % de l'intensité carbone des carburants utilisés dans les transports a été introduit. Enfin, la nouveauté réside dans le fait que ces objectifs ne se réfèrent plus seulement au secteur routier et ferroviaire, mais englobe "tous les carburants et l'électricité fournis au secteur des transports", y compris l'aviation et le transport maritime.

- Le texte a introduit un sous-objectif pour l'hydrogène vert et les biocarburants avancés de 5,5 %, dont au moins 1% doit être fourni par des carburants renouvelables d'origine non biologique (RFNBO), comme l'hydrogène vert ou les e-carburants, consacrant ainsi pour la première fois un sous-objectif contraignant pour ces carburants. Toutefois, cet objectif comprend un mécanisme adapté pour tous les biocarburants produits à partir de déchets et de résidus afin de favoriser la production de ces carburants par rapport à ceux d'origine végétale. A noter que le groupe Renew Europe a réussi à faire pression pour la reclassification des carburants d'origine non biologique (RFNBO) comme énergies renouvelables, ouvrant ainsi la porte à une industrie européenne décarbonée, notamment grâce au nucléaire, qui reste compétitive sur la scène mondiale.

- Renew Europe a également défendu la rationalisation des processus administratifs et la suppression des obstacles en matière d'autorisation aux niveaux européen et national. Cela réduira le temps nécessaire à l’installation des infrastructures d’énergies renouvelables. En vertu de la nouvelle directive, les autorités nationales disposeront de 12 mois pour approuver ou rejeter les nouveaux parcs solaires et éoliens s'ils sont situés dans une "zone d'accélération" des énergies renouvelables. En dehors de ces zones, le processus ne devrait pas dépasser 24 mois.

Cette directive RED III, en introduisant des objectifs spécifiques en matière d'énergies renouvelables pour les secteurs qui sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre, tels que les transports et les systèmes de chauffage et de refroidissement résidentiels, est donc une avancée historique pour la lutte contre le changement climatique.