Jacques Delors : Hommage national à « celui qui a réconcilié l’Europe avec son avenir »

26 janv. 2024

Le 27 décembre 2023, Jacques Delors nous a quitté à l’âge de 98 ans. Homme de combats – syndicaliste chrétien, social-démocrate et pro-européen – il a façonné l’Union européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui. Sa contribution à l’Europe est immense. Le 5 janvier dernier, le Président Emmanuel Macron lui a donc rendu un hommage national aux Invalides, en présence des Présidents des institutions européennes et de nombreux chefs d’Etat européens. Dans un discours chargé d’émotion, le Président français a célébré la mémoire « de celui qui a réconcilié l’Europe avec son avenir. » Un homme dont nous devons poursuivre le chemin, tant il est important de continuer à se battre pour le projet européen, face à la menace croissante des extrêmes et des populistes à travers le continent.

« Un parcours de méritocratie républicaine »

Né le 20 juillet 1925, dans le 14ème arrondissement de Paris, Jacques Delors débute sa carrière en 1945 comme rédacteur à la Banque de France. Par son travail, son dévouement et son sens aigu de la responsabilité, il gravit tous les échelons, avant d’être nommé ministre de l’Economie et des Finances de François Mitterrand en 1981, puis Président de la Commission européenne entre 1985 et 1995. Comme le dit le Président Emmanuel Macron, Jacques Delors trace « un parcours de méritocratie républicaine, de grands-parents paysans corréziens à une mère chapelière, à un père employé de la banque de France, qui lui donnent ce goût de l’effort. » Son parcours lui inculque « le sens du devoir avant le goût du pouvoir », qui le pousse notamment à décliner une candidature à l’élection présidentielle de 1995, malgré les millions de Français qui espéraient un oui.

Réconcilier encore, toujours et davantage

La force de son action fut avant tout celle de la réconciliation. Que ce soit dans son engagement syndical, au cabinet du Premier Ministre gaulliste Jacques Chaban Delmas, ou à la tête de la Commission européenne, « Jacques Delors ne se lassa jamais d’explorer pour réconcilier. En éclaireur. De frayer des alternatives, de bâtir des ponts, marchant toujours vers cet horizon immuable qui comptait pour lui par-dessus tout, la dignité humaine. » En 1983, alors que beaucoup au Parti socialiste défendaient une sortie du Système monétaire européen, Jacques Delors se battit pour que la France poursuive la construction européenne. « Ce fut là sans doute l'une de ses plus grandes œuvres de réconciliation. Réconcilier, dans ce moment décisif, le socialisme du gouvernement avec l'économie sociale de marché, réconcilier les Français avec l'économie, réconcilier la France avec l'Europe. » 

« Le visage de l’Europe d’aujourd’hui »

A la tête de la Commission européenne, il s’attela ensuite à réconcilier l’Europe avec son avenir et contribua à « dessiner trait par trait le visage de l’Europe d’aujourd’hui. » Nous lui devons énormément. « Rarement, notre Europe aura tant progressé » que sous la présidence de Jacques Delors, selon les mots du Président Macron. Nous lui devons le marché unique et l’euro, qui garantissent notre prospérité. Nous lui devons aussi Erasmus, la libre circulation des personnes et les « autoroutes de l’information » qui élargissent l’horizon et les expériences de chaque Européen. En somme, Jacques Delors nous a légué la vision d’une « Europe plus souveraine, plus unie, plus forte qui trouve là son identité. » Le Président français de conclure que « le 27 décembre dernier, son chemin ne s’est pas interrompu : non ! Jacques Delors nous a juste passé le relai. » Son héritage continue de guider notre engagement pro-européen …