L’UE championne des navires verts

3 avr. 2023

Au petit matin du 23 mars, après 5 mois d’intenses pourparlers, le Parlement européen et le Conseil de l’UE sont finalement arrivés au bout de la négociation du règlement « FuelUE maritime » pour la décarbonation du transport maritime. Ils sont tombés d’accord sur une feuille de route claire et très ambitieuse pour le secteur : les émissions de gaz à effet de serre des gros navires, comme les porte-conteneurs, les pétroliers ou les ferries, devront être réduites de 6 % en 2030, 31 % à partir de 2040 pour ensuite atteindre 80% en 2050.

« Une grande victoire » pour le climat

« Enfin ! L’Europe détermine une trajectoire claire pour décarboner le transport maritime. C’est une grande victoire » s’est félicité Pierre Karleskind, le Président de la commission pêche au Parlement européen et eurodéputé Renew Europe. Cette loi historique permettra en effet de verdir une des activités économique parmi les plus émettrices – responsable d’environ 3% des émissions de CO² européennes et mondiales. Surtout, les projections sont on ne peut plus alarmantes, en l’absence de progrès de la part du secteur et d’un cadre règlementaire contraignant. Elles pourraient atteindre 1,8 milliards de tonnes de CO² en 2050, soit plus de 17% des émissions globales.

Tous les navires dans le même bain

Pour éviter ce scénario catastrophe, l’UE a décidé que « les armateurs, européens ou non, devront se passer des énergies fossiles et utiliser des moyens de propulsion propres », comme l’hydrogène ou les biocarburants, explique Pierre Karleskind. Pour accéder à un port européen, un navire qu’il soit français, chinois ou américain, devra disposer d’un certificat prouvant qu’il est en règle avec les obligations de réduction des émissions. Tous les armateurs auront ainsi intérêt à verdir leurs flottes, faute de quoi ils paieront des amendes des plus salées.

La voile fait son grand retour

Grâce aux efforts du groupe Renew Europe, la loi signe en outre le grand retour de la voile. Après avoir été abandonnée par la marine marchande au début du XIXème siècle, les constructeurs seront à nouveau encouragés à tirer parti de la force du vent. C’était une priorité portée haut et fort par notre duo de députés européens Renew Europe spécialiste de la mer : la navigatrice Catherine Chabaud et l’océanographe Pierre Karleskind. Alors que beaucoup voyaient la technologie comme négligeable voire anecdotique, ils ont défendu jusqu’au bout que la voile était un complément indispensable aux carburants propres pour décarboner le secteur. Avec des économies de carburant de près de 15%, des entreprises françaises à la pointe de la technologie, la voile a une fois de plus un grand avenir devant elle.

Un bol d’air frais

Le groupe Renew Europe a aussi fortement poussé pour interdire aux navires de brûler leur fioul lorsqu’ils arriveront dans un port européen d’ici à 2030. Ils devront couper leurs moteurs et se brancher sur l’électricité à quai afin d’améliorer la qualité de l’air dans nos villes côtières. Quand on constate qu’entre 5 et 10% de la pollution de l’air à Marseille proviennent des bateaux, on ne peut qu’applaudir cette mesure. Cela demandera certes des investissements, mais les ports français sont déjà à la manœuvre. Par exemple, l’électrification des ports de Marseille et du Havre – les deux plus grands ports français – est déjà prévue pour 2025.

Le leadership européen

Avec cette loi européenne, l’UE démontre (s’il le fallait encore) son leadership environnemental. A côté du routier et de l’aérien, elle s’impose comme la championne des navires verts. C’est une grande avancée non seulement pour le climat et la qualité de vie dans nos villes portuaires, mais aussi pour les constructeurs de bateaux français et européens pour lesquels la décarbonation offre de nombreuses opportunités pour innover, relocaliser et embaucher.