Les victoires de Renew Europe pour le climat

20 mai 2023

A l’occasion de la fête de l’Europe, notre association a organisé le 8 mai un évènement en ligne sur le Green Deal autour de Christophe Grudler, député européen du groupe Renew Europe, membre de la Commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie (ITRE).

Valérie Hayer, Présidente de l’association, a ouvert la discussion en rappelant les nombreuses victoires pour le climat de l’année écoulée, avec notamment le vote définitif de la taxe carbone aux frontières, promise depuis Jacques Chirac et ardemment défendue par Emmanuel Macron, l’adoption du pacte contre la déforestation, qui permettra de garantir aux citoyens européens que les produits qu’ils consomment ne sont pas issus de pratiques de déforestation, ou encore l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs en Europe à partir de 2035. Christophe Grudler a ensuite partagé son expertise avec les internautes, revenant sur les nombreuses victoires du groupe Renew Europe pour le climat.

L'eurpodéputé belfortain s’est d’abord félicité de l’accord obtenu en trilogue avec la Commission et le Conseil sur la Directive sur les énergies renouvelables (RED III). L’objectif de part des énergies renouvelables dans le mixe énergétique européen a considérablement été revu à la hausse : il était de 32% en 2018, contre 42,5% aujourd’hui, (avec 2,5% optionnel). Cette directive touche d’ailleurs la totalité des secteurs : transport, industrie, logements etc. Elle définit également le statut d’hydrogène renouvelable, décarboné, nécessaire pour l’industrie et les transports lourds que l’on ne peut pas électrifier. L'eurodéputé Grudler nous rappelle également que ce texte tient compte du mixe énergétique de chaque pays étant donné que l’UE ne peut pas imposer une énergie à un Etat membre. Elle fixe juste un objectif, celui de la décarbonation du continent d’ici 2050, laissant aux pays le choix de leur mixe énergétique pour l’atteindre. Christophe Grudler souligne également que la délégation l'Europe Ensemble (Renew Europe) prends toujours en compte les territoires ultra-marins dans ses positions, et la directive RED III mets en place une dérogation permettant l’utilisation de la biomasse forestière pour la production d’énergie en Guyane par exemple. Le texte doit encore être approuvé en plénière au mois de septembre.

La question climatique est intrinsèquement liée à celle d’autonomie stratégique européenne, et c’est la vision défendue par les eurodéputés Renew Europe. Aujourd’hui, l’UE importe 64% de son énergie, et ce faisant, se place en situation de dépendance et donc de vulnérabilité. Il convient d’assurer une autonomie stratégique énergétique. En effet, les énergies renouvelables décarbonent certes, mais permettent surtout de produire de l’énergie chez nous, localement. En cela, la vision française s’oppose à celle allemande, qui souhaite importer de l’hydrogène via des partenariats avec des Etats tiers (Egypte, Namibie, Afrique du Sud, Chili etc.). Il se félicite à ce propos de la visite d’Etat du Président de la République en Allemagne en juillet prochain afin de régler ces différends.

Christophe Grudler a beaucoup insisté sur l’importance de l’hydrogène comme source énergétique d’avenir : elle devrait générer 500 milliards d’euros d’investissements et un milliard d’emplois dans les prochaines années. En cela, l’Alliance européenne pour un hydrogène propre (lancée en 2020) joue un rôle moteur, encourageant les initiatives et facilitant les aides d’Etat (9 milliards d’euros déboursés en France). Il convient qu’à l’avenir, l’accent devra être mis sur les infrastructures encore insuffisantes pour exploiter l’hydrogène en Europe, mais il faut impérativement d’abord développer les produits pour éviter que ce ne soit des produits importés qui inondent nos réseaux énergétiques. Il s’agit là de ne pas répéter les mêmes erreurs qu’avec le solaire, et une alliance similaire pour l’énergie solaire a d’ailleurs été lancée l’année dernière. Enfin, l’UE est en train de réfléchir à des mécanismes incitatifs pour garantir des prix abordables (étant donné qu’aujourd’hui, le kilo d’hydrogène gris coûte 1,50€ contre 4-5€ pour l’hydrogène vert).

Pour l'eurodéputé Grudler, le meilleur modèle énergétique actuellement en Europe est celui de la Finlande et de la Suède : du renouvelable d’abord, du nucléaire en complément. Christophe Grudler a ensuite abordé la question du nucléaire en Europe. Il souligna que l’objectif de 15% de nucléaire dans le mixe énergétique européen a été fixé par la Commission en 2019 en vue d’atteindre l’objectif de 2050. Mais les Européens ont « le nucléaire honteux », alors même que le traité EURATOM promeut le développement d’un important réseau d’énergie nucléaire en Europe. Il se félicite que la Ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, soit montée au front ces derniers mois, incitant 15 pays européen (dont la Suède qui préside en ce moment le Conseil de l’Union Européenne), à signer une lettre ouverte en faveur de la production d’énergie d’origine nucléaire. Notre eurodéputé a lui-même créé en 2020 un groupe parlementaire de réflexion sur l’avenir du nucléaire réunissant 120 eurodéputés de 5 groupes politiques différents. En tant que rapporteur du Groupe Renew Europe sur la proposition destinée à renforcer l'écosystème européen de fabrication de produits à technologie nette zéro (Net Zero Industry Act, proposé en mars 2023), il veillera à faire avancer la réflexion sur le nucléaire. Néanmoins, il souligne l’importance d’avoir réussi à inclure le nucléaire dans la taxonomie durable, c’est-à-dire la liste des énergies permettant d’atteindre les objectifs de 2050, incitant donc les fonds privés à investir librement.

Revenant sur le plan REPowerEU proposé par la Commission en mai 2022, l'eurodéputé Grudler a mis en avant l’objectif de production de 35 milliards de mètres cube de biométhane (un gaz 100% renouvelable produit à partir de déchets issus de l'industrie agro-alimentaire) dans l’UE d’ici à 2030, un objectif utile pour le monde agricole, permettant d’accompagner les productions bio des agriculteurs européens et de se servir de l’énergie qui s’en dégage. Il a également souligné le rôle de l’énergie hydraulique, qui est selon lui la première énergie pilotable après les énergies renouvelables, c’est-à-dire facilement modulable pour équilibrer le mixe énergétique si besoin.

L’évènement s’est terminé avec une discussion sur l’impact de l’interdiction des voitures thermiques en 2035. Si Christophe Grudler et l’ensemble du groupe Renew Europe se félicite de ce résultat, affirmant que la plus grande production de voitures non-thermiques va entrainer une baisse des prix, il a partagé avec les auditeurs deux inquiétudes. Tout d’abord, il convient de trouver les matières premières nécessaires pour bâtir ces voitures futures. En cela, il se réjouit de la publication le mois dernier par la Commission d’une proposition visant à garantir l'accès de l'UE à un approvisionnement sûr, diversifié, abordable et durable en matières premières critiques (Critical Raw Materials Act). L’autre inquiétude concerne le besoin d’assurer la ressource électrique suffisante pour faire fonctionner les voitures non thermiques. Il est donc indispensable de lier cela à un plan massif d’augmentation de la production électrique en Europe pour y répondre. Enfin, il regrette qu’une clause de révision des objectifs en 2026 ait été incluse à la demande des Allemands, craignant que cela n’incite pas les industriels à faire les efforts nécessaires d’ici là.

Enfin, Christophe Grudler insista sur la nécessité de promouvoir davantage les transports en commun pour atteindre les objectifs du Green Deal. En cela, la proposition récente de Clément Beaune de s’inspirer du modèle allemand pour faire baisser le prix des billets de trains est encourageante, et plus doit être fait au niveau de l’UE en la matière.

L'eurodéputé Grudler a conclu son intervention en nous rappelant qu’il revient à chacun d’entre nous d’accepter de faire évoluer ses habitudes et de fournir des efforts en matière climatique, et ce dans l’intérêt de l’Europe et des Européens.